L’autre, ce sac à merde
L’enfer c’est les autres comme disait l’autre. C’est toujours l’autre. Jamais soi, jamais nos proches. C’est toujours de la faute des autres. Mais qui sommes-nous sinon les autres des autres. Sommes-nous alors leur enfer ?
Les autres sont des cons. #
Vous avez remarqué comme très souvent quand un proche vous raconte une de ses mésaventures avec un tiers il en ressort que ce tiers s’avère être un gros con sur qui repose entièrement la faute ?
Et c’est vrai que quand votre proche vous le raconte, en toute objectivité, vous pensez vous aussi que c’était un comportement de gros connard, que dis-je, de gros fils de hyène !
Loin de nous l’idée même de remettre la parole de notre proche en question. C’est vrai, pourquoi le ferions-nous ?
Alors il est vrai que, parfois, ce que l’on nous raconte peut laisser place à une certaine interprétation, qu’on sent bien que la faute pourrait être partagée mais tout de même, si ne serait-ce que la moitié de l’histoire est belle est bien vraie, l’autre a tout de même fait un bon gros move de sac à foutre.
Puis un jour, une épiphanie m’a frappé d’un coup sec sur la nuque. Si l’autre est un présentoir à étrons et que je suis un autre pour l’autre, ça veut dire que je suis moi-même un fils de chacal galleux ?
Les autres c’est nous. #
Après de longues et intenses réflexions sous la douche je suis arrivé à la conclusion que… oui on est tous des ramassis de gerbe après un kebab bien gras. Partant du principe que toute notion de morale ou d’éthique ne peut être universelle, et que l’on se rapproche de certaines personnes parce que justement on partage certains points de vue et donc, logiquement, on s’éloigne d’autres pour nos divergences d’opinion qui finissent naturellement par nous obliger à les percevoir comme des étagères à selles intellectuelles.
Franchement c’est pas de notre faute. Si comme moi vous êtes contre le racisme, la misogynie, l’homophobie… globalement tous les trucs qui sont contre une catégorie de personne, alors toute personne qui ne serait pas d’accord avec vous, ne serait-ce que sur un point, serait un forcément un fils d’ornithorynque manchot. D’ailleurs, si vous n’êtes pas d’accord avec cette phrase, il y a de bonnes chances pour que vous soyez vous même un garage à phallus sous syphilis.
Forcément, du point de vue de l’autre, tout est aussi vrai pour nous.
Et là vous allez me dire… Et vous auriez raison ma foi.
Les autres c’est pas forcément des cons #
Je le sais, vous le savez, nous le sachons, la vie c’est pas un film d’expressionnisme allemand, tout n’est pas que noir ou blanc. Y a des nuances de gris, au moins cinquante il paraît mais je dirais plus tout de même.
Ça voudrait dire qu’il est fort probable que votre proche, même si ce qu’il ou elle vous a raconté est 100% véridique, n'aurait exprimé que son propre ressenti, en d’autres termes vous n’auriez qu’un seul son de cloche. Il est donc tout aussi probable que ce tiers, supposément une raclure de chiotte à la turque, soit en train de raconter la même histoire de son propre point de vue à ses propres proches; histoire dans laquelle votre proche serait à son tour le fils d’unijambiste de la mésaventure. Tout dépend d’où on se place finalement.
La sagesse voudrait alors que si l’on se rend compte de cette dissonance, on puisse être critique envers la version des faits de votre proche, qu’on tente de relativiser la situation mais dans quel but ? Pour être plus juste ? Pour être plus intègre ? Pour se défendre d’être un maillon de cette chaîne de la haine ?
Et si vous n’êtes pas là pour être un support émotionnel à un proche en détresse, et ce inconditionnellement, êtes-vous un bon proche ? N’est-ce pas ce qu’on attend d’un proche dans ces cas-là justement ? Ne seriez-vous pas en train de vous mettre un bâton dans vos propres roues ? À trop vouloir rester intègre, de pas vouloir rentrer dans ce cercle vicieux, n’êtes-vous pas en train de vous isoler pour avoir involontairement ou non pris la défense d’un ou une totale inconnue qui ne le saura jamais et ne vous remerciera jamais ?
Tant de questions, tant de conséquences.
Je me dis que parfois on pourrait penser naïvement que la relation que l’on a avec nos proches est uniquement basée sur le partage de l’amour de l’autre mais il me semble aussi, dans ces cas-là, qu’on se retrouve à devoir partager la haine de l'autre que l’on soit d’accord ou non.
C’est tellement compliqué d’être un animal social.
Finalement, c’est vrai, l’enfer c’est les autres… ces gros enfoirés.
Ce billet vous a été présenté par les pensées de douche.